• LES BIENS ECCLÉSIASTIQUES (3)

    Les biens ecclésiastiques (3)

     

    Estimation des biens de la chapelle st. Edme d’hareville-sur-Meuze. (23 novembre au 26 novembre 1791)

     

    En 1791, le prêtre titulaire de la chapelle st. Edme était Hilaire Moutenot. Il exerçait également la fonction d’arpenteur des Eaux et Forêts de Bourmont. L’estimation des biens de la chapelle s’est déroulée du 23 au 26 novembre 1791. Elle a été faite par Jean-Baptiste Maillard architecte à Bourmont, l’acheteur était Charles Baudouin négociant à Bourmont et l’arpenteur Hilaire Moutenot, le titulaire de la chapelle.

     

    Estimation faite par Jean Baptiste Maillard architecte à Bourmont expert nommé par le Directoire du district de cette ville pour faire visite, arpentage et Estimation des biens nationaux compris dans la soumission faite par le sieur Charle Baudouin négociant demeurant en cette ville, pour l’acquisition 1er de la totalité des biens dépendant de la chapelle st. Edme d’haréville sur Meuze, 2 ème de la totalité des biens de la fabrique dudit haréville chargés de fondations et relaissés à différents particuliers par bail sous seing privé.

     

    Les biens de la chapelle sont divisés en 2 lots : le premier est la maison du chapelain, le second concerne les baux des lieux appartenant à la chapelle et que le religieux faisait exploiter par des cultivateurs et des laboureurs.

     Le présent article ne s’intéressera qu’aux biens de la chapelle. Ceux de la fabrique que Charles Baudouin avait également achetés, feront l’objet d’un prochain article.

     

    1) La maison du chapelain

     

    Elle est située au milieu du village [...] elleest composée de 5 portees* renferment un vestibule, une cuisine et quatre chambres pour le rez de chaussé des greniers audessus, une cave sous une partie des  dittes pieces, avec une grange et une ecurie, un jardin potager au derriere de laditte maison dans lequel jardin est un puits, et audevant est un parge** dans lequel est un petit bâtiment en rabaissé servant à mettre des porcs, le tout en Etat a lexeption des murs gouttières des engrangements et écuries qui se trouvent dans un etat de vetusté, laquelle maison avec ses aissances et dépendances.... estimation après deduction des impositions fonciers d’un produit annuel de 160 livres x 15 (comme bien de la 4 ème classe) > capital de 2400 livres.

     

    * portée : Il s’agit peut-être d’un terme local, chaque « portée » désignant une pièce.

     

    ** un parge : En Lorraine, encore au XVI ème siècle, place vague devant la maison ou la grange pour tourner les voitures, battre le blé, mettre le fumier. On dit aujourd’hui « usoir » (Marcel Lachiver). L’auteur signale également que le substantif est au féminin alors qu’il est utilisé au masculin dans le texte, signe d’un emploi local. A titre indicatif, le mot « grume », attesté au féminin est parfois employé au masculin dans le langage oral dans la région.

     

    Quelques remarques : La maison du chapelain était située au milieu du village sans autre précision. On peut raisonnablement estimer qu’elle devait être à proximité de l’église. Un texte consigné dans le registre des délibérations daté du 10 octobre 1790 nous apprend que la maison du chapelain était « en contrebas de l’école », ce qui renvoie à l’emplacement de l’école en 1790...

     

              Le chapelain disposait d’un vestibule avant d’entrer dans la cuisine. Il disposait en outre d’une chambre appelé « poêle » comme toutes les maisons et de trois autres chambres au rez de chaussée avec des greniers, une cave, une grange, une écurie, une soue à cochons, un jardin avec un puits. Il n’y a malheureusement aucune indication de mesure.

     

              Les biens fonciers étaient répartis en 4 classes dotée chacune d’un coefficient multiplicateur appliqué à une valeur estimée. La maison du chapelain avec ses dépendances a été estimée à 2400 livres. Il est assez délicat, voire impossible de vouloir convertir cette somme en euros actuels. Cependant on peut s’en faire une idée très approximative :

    - Le 14 avril 1790, les officiers municipaux avaient fixé le prix de la journée pour le dénombrement de la population active à 20 sols, soit une livre.

    - A la veille de la Révolution un pain de 4 livres valait 12 sous et demi à Paris et le salaire moyen d’un ouvrier était de 20 sous (ou une livre) d’après l’ouvrage de J Tulard, JF Fayard, A Fierro p. 1015.

     

    2) Baux des biens appartenant à la chapelle.

     

    a) Nicolas Morel (bail notarié dont le terme a été fixé en 1796), laboureur. Terrage duquel il rend un canon* annuel de 3 paires de réseaux** mesure de Nancy et un chapon : produit annuel 56 livres x 22 (biens de 1ère classe) = 1232 livres.

     

    b) Prudent Pierrot laboureur (bail sous seing privé), canon de 10 paires de réseaux + un chapon : 186 livres x 22 = 4092 livres.

     

    c) Jean-Baptiste Habert laboureur (bail sous seing privé), canon de 6 paires et demi de réseaux + un chapon : 122 livres x 22 = 2684 livres.

     

    d) Mansuy Gilbert laboureur (bail sous seing privé), canon de 6 paires et demi de réseaux + un chapon : 122 livres x 22 = 2684 livres.

     

    Total des estimations des baux : 10 692 livres.

     

    Quelques remarques :

     

    * canon annuel : redevance due par un fermier.

     

    ** Le résal de Nancy, unité de capacité équivalant à 117,25 litres pour le blé, 168,61 litres pour l’avoine et 161,2 litres pour l’orge.

     

    Le chapelain Moutenot disposait donc de revenus en nature par les terres qui se rattachaient à la propriété : 4 chapons et 52 réseaux en blé, avoine et orge. Comme les quantités ne sont pas détaillées, cela fait une moyenne de plus de 7700 litres de grains par an.

     

    On remarquera également que les terres appartenaient à la première catégorie avec un coefficient multiplicateur de 22, ce qui a porté la valeur des terres et de leur rapport à 10692 livres soient 4,45 fois le prix de la maison.

     

    Au total, les biens du chapelain arpenteur Moutenot furent estimés à 10 692 + 2400 = 13 092 livres.

     

     

    Sources : Archives départementales de la Haute-Marne, 1Q 225

     

    Bibliographie :

     

    Lachiver Marcel, Dictionnaire du Monde Rural. Les Mots du Passé. Fayard 1997.

     

    J. Tulard, JF Fayard, A Fierro, Dictionnaire de la Révolution Française (1789 – 1799), Robert-Laffont 1987.

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  • Commentaires

    1
    michèle
    Samedi 14 Février 2015 à 14:04
    j'aime bien l'histoire, surtout en petites histoires... c'est enrichissant en douceur pour ma part c'est génial !
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