• FAUSSE MONNAIE

                                                  

    Encore un document remarquable de notre ami Marcel Frantz

    Savourez-le

     

     

        Fausse monnaie

    FAUSSE MONNAIE

     

     

    Un regrettable oubli : en photographiant le document ci-joint aux archives , j’ai omis d’en noter les références exactes et la date. Cependant, la même main a rédigé les deux articles précédents contemporains de Henri IV.

     

     

     

    Pour les frais de La proceddure extraordinaire

    De Pierre Lebel dict druye de martigny Lez

    La marche accusé dexposition de faulce

    Monnoye Repartie de la Justice de Bullegneville

    Qui en estoit saisie, son proces luy ayant este

    Faict et endure La question, […] Ledit druye de

    Payer de son passage a perpetuite et services royaux

    Lesquels frais montent a soixante trois francs

    Cinq gros, ainsy que ledit la[…] par le meme ( ??) par

    Lacquis de son tabellion por ce icy ladite somme.

     

    Ce texte, malgré sa traduction incomplète, parfois hasardeuse, reste quand même intéressant car il aborde un domaine rare qui est le délit de fausse monnaie et son traitement judiciaire (le moins cruel présentement) dans la région dans la première moitié du XVII ème siècle.

    Les lieux : Martigny lez Lamarche (Martigny les Bains depuis 1882) signifie Martigny (à côté de), -c’est le sens de « lez » ou « lès »- Lamarche. Le nom « Lamarche » (< la marche = la frontière) représente son état frontalier. Le bourg servait de frontière entre le Barrois et la Lorraine. Bref,  Martigny les Lamarche était situé  à proximité d’une frontière.

    En passant une frontière, on ne change pas seulement de pays ou d’état, mais aussi de monnaie. En effet,  « trois monnaies de compte coexistaient en Lorraine : le franc barrois, la livre lorraine et la livre française, toutes de valeurs différentes »*. De là à penser que Pierre Lebel était une sorte de changeur (puisqu’il exposait des monnaies), il n’y a qu’un pas qu’on évitera de franchir faute de preuves. Néanmoins, des présomptions existent.

    *Eric Marchal le Salm, La Lorraine ne connaissait pas la monnaie unique sur Google.

    Le nom : Déjà au XV ème siècle, on dénommait les gens par leur nom (ici Lebel) et prénom (Pierre) comme actuellement. Cependant l’acte du procès ajoute la précision du surnom (Druye). Ce surnom était en principe propre à l’individu, c'est-à-dire qu’il disparaissait avec lui et ne se transmettait pas. Il le distinguait peut-être d’un autre Pierre Lebel contemporain. Le surnom pouvait aussi caractériser l’individu par analogie au point de reléguer son identité administrative au second plan. Alors tout le monde l’appelait « Druye » sans ignorer toutefois son nom de baptême.

    En ancien français, l’une des acceptions de l’adjectif « dru, drut, drue, dreu.. » était : fort, bien nourri, dodu, gaillard, plantureux.

     Marcel Lachiver dans son dictionnaire du monde rural. Les mots du passé. Fayard 1997 cite l’adjectif « druillot » en Haute-Saône (département voisin des Vosges) avec le sens de gras, en bon état et bien vivant. Se dit des porcs. Linguistiquement, le passage de l’adjectif au nom ne pose aucun problème (cf petit, jeune, ancien etc…) et l’adjectif « druillot qui est le diminutif de « drui, druille, druye)  par le suffixe « ot » passe très facilement au nom Druye.

    On se plaît à imaginer ce Pierre Lebel, à cause de son surnom comme un personnage de bonne carrure, avec de l’embonpoint, fort en gueule, peut-être truculent…

    La justice : C’est celle de Bulgnéville (qu’on prononçait « Bullegneville » qui fut chargée de l’arrêter et de l’amener à la Mothe. La procédure était « extraordinaire ». En effet, tout ce qui touchait à la fausse monnaie était considéré comme crime de lèse majesté et passible de la peine de mort, une mort atroce qui parfois était l’ébouillantage suivi de la pendaison ou la décapitation. Cependant, on distinguait celui qui fondait le métal et qui écopait de la peine maximale, de celui qui rognait les pièces pour récupérer un peu de métal précieux sur chacune (-ce qui a eu comme effet de strier le pourtour des pièces pour rendre l’usure immédiatement visible-) de celui qui les exposait comme les changeurs à qui on pouvait reconnaître quelques circonstances atténuantes et qui de ce fait échappait à la peine capitale, encore fallait-il qu’il fût en face d’un juge conciliant, au bon endroit et au bon moment.

    Même s’il a sauvé sa tête, la sanction fut néanmoins très lourde pour Pierre Lebel qui a enduré la question, c'est-à-dire qu’il fut torturé et blessé dans ses chairs, le tout agrémenté d’une amende de soixante trois francs cinq gros, somme qui semble assez considérable et la perpétuité et services royaux qu’il faut traduire par des travaux forcés à l’arsenal, voir les galères s’il était en état de ramer.

    Une très belle étude réalisée par Olivier Ménard : De la répression de la fausse monnaie en Bretagne au XVIIIème siècle est disponible sur Google.

    A titre de rappel, nos billets libellés en francs la veille du passage à l’euro rappelaient les sanctions réservées aux monnayeurs : « La contrefaçon ou la falsification des billets de banque et la mise en circulation des billets contrefaits ou falsifiés sont punies par les articles 442-1 et 442-2 du code pénal de peines pouvant aller jusqu’à trente ans de réclusion criminelle et trois millions de francs d’amende ».

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