• ENCORE UN MOMENT INCROYABLE DE NOTRE HISTOIRE LIÉE AU VILLAGE DE GONCOURT.

    SAVOUREZ-LE ( Merci Marcel)

     

    1518 – La peste à Goncourt

    « En 1518 – 1519, la peste règne dans plusieurs villages de la sénéchaussée : Brainville, Saint-Thiébault, Damblain, Germainvilliers, Gonaincourt, Goncourt, Soulaucourt, Vroncourt et Ozières. » (1)

    Cet extrait en préambule du document qui suit afin de situer le contexte.

    Sources : Archives départementales de la Meuse, série B 2341 (1517 – 1518) 90 feuillets. Compte de Didier Béget, sénéchal de La Mothe et Bourmont. « La peste régnant dans les communes de Goncourt, Vroncourt, Ozières etc… il ne peut faire aucune recette dans ces villages ».

     

     

    LA PESTE A GOUCOURT

     

     

    Ne compte rien ledit seneschal des rentes

    et recouvrements dudit goncourt pour ceste

    presente année mil Vc dix huit (1518) pour ce que

    la peste y est depuis la sainct Jehan baptte (24 juin)

    et y est encore de present et nen a rien leve

    ledit seneschal pour ceste anne et ny a

    herme  qui se us onze mannes

    La peste y regne encore comme il est

    note au compte subsequent sur 1 fueillet

     

    En marge :

    Ouverture

    pour la peste

    et pour rappel

    au compte

    prochain le proffit

    ladite somme.

     

    Commentaires :

    Texte assez représentatif des écrits du XVIème siècle, de lecture relativement délicate par la présence de trois graphies différentes faites au moins par deux scribes. L’annotation rapide et pressée en marge provient vraisemblablement de la même main que celle qui a écrit les deux dernières lignes.

    Sous l’Ancien Régime, l’ordre des récoltes voulait qu’après le fauchage des herbages (fin juin) les moissonneurs commencent par les céréales d’hiver et terminent par celles de printemps. Ce qu’on appelait « blé d’hiver » était composé de froment pour le pain blanc, de seigle et de méteil (mélange des deux précédents). Le « blé de printemps » était composé d’orge (pour les animaux, fabrication de la bière), d’avoine et de sarrasin qu’on appelait aussi « blé noir » non panifiable utilisé sous forme de galettes, de bouillies dans l’alimentation humaine. Il pouvait aussi être utilisé comme engrais ou pour la nourriture du bétail. (2)

    Le document ci-dessus fait probablement allusion à la récolte des céréales d’hiver qui avait lieu en été ou au début de l’automne. Il précise en effet que la peste sévissait à Goncourt à la st Jean Baptiste (24 juin) et qu’elle « y est encore de présent ». Ce présent désigne celui des récoltes donc forcément postérieur au 24 juin.

    D’un point de vue lexicographique, il est intéressant de relever les termes utilisés par le scribe :

    Herme qui désignait soit un lieu inculte ou les blés d’hiver. Terme auquel répond le mot mannes (blé ou récoltes corrompues). Enfin, l’expression « ny a herme qui se us onze mannes » est à comprendre qu’il n’y avait pas un herme dans lequel on pouvait trouver onze mannes, autrement dit, pas un endroit où on pouvait trouver onze gerbes de mauvais blé.

    En filigrane, on peut lire que l’absence de bras dû à la peste a laissé les champs incultes et le peu de céréales a été corrompu par le manque d’entretien et peut-être aussi par des aléas climatiques.

    Enfin, il y a l’expression « onze mannes » (onze gerbes) qui fait allusion à la dîme qui, au sens littéral signifiait une gerbe sur dix réservée à l’Eglise mais qui dans les faits était plutôt d’une gerbe sur douze ou treize. (En Normandie, on désignait par « onzain » le tas de onze gerbes). Faut-il entendre que dans la région la dîme était plus élevée (une gerbe sur onze plutôt que sur douze ou treize) qu’ailleurs ?

    1)    Nicole Villa-Sébline, La sénéchaussée de La Mothe et Bourmont des origine à 1645 p. 64. Ed. Dominique Guéniot, 2002.

    2)    Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé. Fayard, 1997.

     


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